Plus d’1,5 milliard d'adultes en surpoids dans le monde et plus 10 points de prévalence de l’obésité d’ici une vingtaine d’année. C’est la conclusion sous forme d’alerte de ce rapport en 4 parties publié dans l’édition du Lancet du 26 août. Un état des lieux critique sur la pandémie d'obésité mondiale: ses facteurs pilotes, son fardeau économique et sanitaire, la physiologie derrière le contrôle du poids, et ce que les données sciencitifiques nous apprennent sur le type d'actions nécessaires pour inverser la tendance actuelle de l’épidémie, en particulier pour les générations futures.
Les prévisions de prévalence sont apportées par l'une de ces études, portant précisément sur les données de l'obésité aux États-Unis et au Royaume-Uni, deux pays, certes, qui présentent les niveaux les plus élevés d'obésité dans le monde, au cours des 20 dernières années. Les chercheurs prédisent que si la tendance actuelle se poursuit, jusqu'à 48% des hommes et 43% des femmes au Royaume-Uni pourraient être obèses en 2030. Cette étude “de modélisation” doit alerter les gouvernements et les services de santé, expliquent les auteurs, pour prendre enfin les mesures nécessaires. Car malgré les limites des données et des estimations, cette étude et d'autres dans cette édition spéciale du Lancet soulignent à quel point l'obésité est susceptible de peser lourdement sur les systèmes de santé.
Plus d’1,5 milliard d'adultes en surpoids dans le monde: Les chercheurs précisent que les toutes dernières données provenant de 199 pays suggèrent que près de 1,5 milliard d'adultes dans le monde étaient en surpoids en 2008. Parmi eux, 502 millions étaient obèses. Les chercheurs font également état d’un autre rapport de l'Organisation for Economic Co-operation and Development qui après évaluation de 11 pays constate que les Etats-Unis et le Royaume-Uni présentent durant ces dernières décennies la plus forte prévalence de l'obésité avec une “trajectoire” susceptible de continuer jusqu'en 2020.
L’obésité, un coût de l’ordre de 0,7 à 2,8% des dépenses de santé: Le document souligne également que maladies cardiovasculaires, diabète et autres cancers sont les principales maladies chroniques associées à l'obésité. Étant donné que la prévalence de ces maladies est déjà en hausse en raison du vieillissement des populations, la charge supplémentaire d'obésité implique un coût considérable, démultiplié, pour les systèmes de santé. L'étude estime ainsi les coûts liés à l’obésité de l’ordre de 0,7 à 2,8% des dépenses de santé totale d'un pays, et que les dépenses médicales des personnes atteintes d’obèsité sont 30% plus élevées que celles des personnes de poids normal. Idem pour les coûts d'hospitalisation (de 46% supérieurs aux USA). En 2030, les dépenses de santé liées à l'obésité et au surpoids pourraient atteindre 16 à 18% des dépenses totales de santé des pays riches à forte prévalence.
Une prévalence jusqu’à un adulte sur 2, dans certains pays riches: Ainsi, aux Etats-Unis, la prévalence de l'obésité chez les adultes d’environ 32% en 2007-08, atteindrait 50 à 51% en 2030 pour les hommes et passerait de 35% à 45-52% pour les femmes. Les prévisions indiquent donc 65 millions supplémentaires d’adultes américains obèses en 2030 vs 2010. Les prévisions sont comparables pour le Royaume-Uni et apportent également leur enseignement pour la France même si la prévalence de l’obésité est moindre. L’augmentation des prévalences s’accompagne de son cortège d’augmentation des prévalences de diabète, maladies cardiaques et d'AVC, et cancers. En outre, la prévalence croissante des troubles débilitants tels que l'arthrose pourrait affecter la durée de qualité de vie.
Une question de dépenses mais aussi de qualité de vie : Car, en conclusion, les chercheurs soulignent que l'excès de poids et l'obésité ont des effets significatifs sur la durée de vie, le handicap, la qualité de vie, la productivité du travail. Cette édition du Lancet souligne et alerte sur l’impact considérable et probablement encore sous-estimé de l'obésité sur les systèmes de santé du pays et leur économie. Comment mieux cibler les mesures de prévention est clairement une priorité, voire une urgence de santé publique.
Actu santé log publiée le 27/08/2011 (Source The Lancet)
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