Régimes amaigrissants : Eviter de croire les magazines féminins…

Article paru sur le site Internet www.dijonscope.com
Didier Perrin, diététicien nutritionniste à Dijon fait le point sur les régimes, suite au rapport de l'ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire).

Par Émilie Petit | dijOnscOpe | mer 26 jan 11 | 08:44 :

Phases d’attaque, de croisière, de consolidation et de stabilisation…Non, il ne s’agit pas des quatre étapes nécessaires au lancement d’un missile ou d’une fusée ! Mais bien des quatre périodes décisives pour un régime réussi. En théorie car la réalité apparaît bien différente. En novembre 2010 a été rendu public un rapport de l’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), sur "l’évaluation des risques alimentaires liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement". Rapport qui pointe du doigt une quinzaine de régimes estampillés "tout public" et considérés comme dangereux pour la santé, alors même que les magazines féminins en reprennent les grandes lignes en cette période d’après-fêtes…

Dukan, Weight Watchers, Atkins, Cohen, etc.

"Lorsque nous débutons un régime seul, nous ne nous soucions pas de notre santé. Ce que nous voulons avant tout, c’est perdre du poids rapidement", analyse Didier Perrin, nutritionniste à Dijon et membre du réseau conseil en nutrition "Maigrir 2000". Et pourtant, 23,6% d’adultes ont déclaré avoir déjà pratiqué un régime amaigrissant (Lire ici le rapport de l’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail - Anses). Avec des résultats le plus souvent décevants. "La prolifération de ces régimes donne actuellement une mauvaise image de la diététique", souligne Didier Perrin.

Le rapport de l’Anses rappelle également que certaines personnes dont l’indice de masse corporelle (IMC) reste tout à fait convenable peuvent, avec ces régimes auto-médicalisés, reprendre par la suite un poids supérieur à celui constaté au début du régime amaigrissant. Didier Perrin a lui-même relevé ces effets "indésirables" sur certaines de ses patientes : "Ces régimes sont des démarches ponctuelles et n’offrent pas de solution pour l’après-régime".

En analysant et en critiquant les dérives de quinze régimes amaigrissants tels Dukan, Weight Watchers, Atkins ou Cohen, l’Anses dénonce donc les déséquilibres alimentaires qui ont cours lors de leur mise en pratique : pour 80% d'entre eux, les apports en protéines sont supérieurs aux apports nutritionnels conseillés (ANC). Dans de nombreux cas également, les apports lipidiques dépassent de loin les recommandations des professionnels de la santé. Enfin, dans trois régimes sur quatre, les apports en fibres sont inférieurs aux doses prodiguées.

Matraquage intensif et dangers non mesurés

Lors de son passage sur l’antenne de BFMTV en novembre 2010, suite à la parution du rapport de l’Anses et aux critiques émergentes, le nutritionniste Pierre Dukan a tenté de défendre sa méthode d’amaigrissement, le régime protal connu sous le nom de son fondateur, en déclarant que "dans tous les médicaments, même les meilleurs, il y a des effets indésirables" (Voir l'interview ici). Des propos qui sont, selon Anne Roblot, diététicienne à Dijon, "la preuve qu’il a conscience des défaillances de son régime. Cela fait maintenant deux ans que je me bats contre ces types de régimes", poursuit-elle.

La raison ? "Ces régimes ne travaillent pas assez sur le fond. Il est nécessaire dans un premier temps de travailler sur la faim elle-même et sur la satiété", explique-t-elle. Pourtant, il existe un réel engouement pour ces régimes rapides et faciles à faire chez soi, au coût moins élevé qu’une consultation chez un spécialiste. Mais sans suivi, difficile de sortir de la spirale de l’effet "yoyo". "La majorité de mes patientes ont déjà essayé ces régimes et ont, pour la plupart, repris plus de poids que leur poids de départ !", explique Anne Roblot. Didier Perrin constate le même résultat : "Ces régimes entraînent des périodes de privations qui agissent directement sur le moral et peuvent enclencher des troubles alimentaires, comme cela a été le cas pour quelques-unes de mes patientes".

La solution ? "Il n’existe pas de régime miracle. La meilleure solution, celle que je prône, est de rééquilibrer son alimentation et de modifier ses habitudes alimentaires durablement", explique Didier Perrin. Et les cinq fruits et légumes par jour ? "C’est un matraquage abusif opéré sur une base qui n’est pas réelle. Le plus grave vient du fait que très souvent, ces messages sont mal transmis. Par exemple, les publicités pour le beurre se contredisent puisqu’elles prônent un produit riche en graisse et s’empresse d’ajouter le message "Évitez de manger trop gras et trop sucré". C’est totalement incohérent !", ajoute Anne Roblot.

Médecine parallèle : une possibilité ?

Au milieu de toute cette effervescence, comment distinguer alors le vrai du faux ? Mission difficile mais pas impossible, sous réserve bien sûr d’avoir essayé, parfois à ses risques et périls, les conseils prodigués par chacun des partis. Céline, 26 ans, s’est déjà frottée à quelques méthodes, dont une particulièrement efficace : la luxopuncture. Késako ? Il ne s’agit pas là d’un régime mais d’une machine électronique "qui fonctionne comme une thérapie. La machine cible les points d’acupunctures et envoie des ondes. Elle a pour but de réorganiser le dispositif d’élimination des toxines et des graisses", explique-t-elle.

Une méthode pour le moins inhabituelle. "Il y a quelques années, je suis allée voir une diététicienne. Mais sa méthode pour perdre du poids s’étalait sur presque un an !", raconte Céline. En effet, ette jeune fonctionnaire s’est trouvée dans l’obligation de perdre du poids rapidement du fait de problèmes de dos récurrents. "Je voyais une magnétiseuse pour mon dos. Il s’est avéré qu’elle pratiquait également la luxopuncture. J’ai donc voulu tenter le coup". Résultat ? Conjuguée à un régime alimentaire drastique, Céline a réussi à perdre quatorze kilos en deux mois et demi, grâce à cette méthode.

Cependant, un point noir reste présent : "Il y a une phase de stabilisation, comme dans tout régime, et je n’ai pas eu la force de la faire jusqu’au bout car c’était déjà très dur psychologiquement. J’ai donc repris quelques kilos que je souhaite bien-sûr reperdre". Prochain objectif ? "J’ai vu qu’il existait un nouveau régime, le régime Delabos. C’est a priori une nouvelle méthode, alors pourquoi pas ?", termine Céline. Un régime de plus parmi tant d’autre ou une véritable recette miracle ? Le doute subsiste. Les régimes amaigrissants restent cependant très prisés en ce XIXe siècle, alors qu’une nouvelle polémique ébranle une fois de plus le milieu de la diététique : les dangers de l’aspartame, petite pilule blanche se substituant au sucre, et présent dans presque tous les produits "light" ou allégés...